Les Carrés Biodiversité : un outil au service de la connaissance naturaliste

Les Carrés Biodiversité : un outil au service de la connaissance naturaliste

Le Parc naturel régional des Landes de Gascogne est engagé pour le maintien de la qualité et de la diversité du patrimoine naturel sur son territoire. Grâce à des approches partagées d’amélioration des connaissances, il peut permettre sa préservation. Depuis 2012, en partenariat avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO Aquitaine), il met en œuvre un protocole expérimental de suivi naturaliste : les Carrés Biodiversité. 15 ans après, ce jeu de données inédit donne une première tendance de l’état de santé de la biodiversité sur notre territoire…

Les Carrés Biodiversité : une démarche au long cours

Le déclin de la biodiversité, phénomène connu à différentes échelles, peut être mesuré en évaluant, sur le long terme, les grandes tendances de populations d’espèces. Celles-ci sont de bons indicateurs de l’état de conservation et de santé des écosystèmes dont elles dépendent. 

Dès 2012, le Parc et la LPO initient donc un outil de suivi (basé sur des protocoles d’inventaires nationaux et européens), autour de 4 groupes d’espèces associées à différents milieux représentatifs du territoire : les oiseaux communs, les papillons de jour, les libellules et les chauves-souris. Ces suivis sont réalisés sur 41 carrés de 2km² répartis de façon aléatoire sur le PNRLG.

Premières tendances 

Les oiseaux communs (données issues des inventaires réalisés entre 2013 et 2023) 

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Sur 132 espèces inventoriées sur les carrés, 16 ont montré des tendances valides d’un point de vue statistique (au moins 14 contacts par carré par an), l’une d’entre elles est en forte augmentation (le Pigeon ramier) et 10 sont en déclin. C’est le cas par exemple du Coucou gris, du Pipit des arbres ou encore du Pinson des arbres. Il est alors intéressant de comparer ces tendances à celles qui sont issues des données régionales, nationales ou européennes. On remarque alors que certaines suivent des trajectoires similaires quand d’autres sont opposées. Le déclin de ces oiseaux peut s’expliquer notamment par la perte d’habitats (landes et parcelles enherbées, lisières), les évènements climatiques extrêmes et le décalage de leurs cycles de vie qui en résulte (végétations, insectes, prédateurs). Il convient donc de poursuivre les inventaires afin de confirmer ces tendances à l’échelle locale, comprendre ce qui cause ce déclin et agir pour lutter contre.

 

Les papillons de jour (données issues des inventaires réalisés entre 2012 et 2023)

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75 espèces ont été observées (86% des espèces connues sur le PNRLG), mais seulement 4 d’entre elles ont montré des tendances valides, dont 3 sont en déclin. Notons ici le cas du Fadet des laîches, espèce protégée, dont la tendance à la baisse dépasse les 80% et qui est un précieux indicateur du changement des conditions climatiques. À l’inverse, le Mélitée du Plantain qui affectionne les milieux ouverts, est en augmentation de plus de 20% sur les carrés. Cette tendance à la baisse est liée à la perte de landes et prairies humides, à l’assèchement des lagunes et de leurs végétations associées.

Les libellules (protocoles réalisés entre 2012 et 2021)

Les protocoles mis en place comportaient de nombreux biais rendant impossible l’évaluation des tendances. Toutefois, de nombreuses espèces à enjeu ont été inventoriées parmi les 56 observées (90% des espèces connues du PNRLG) notamment la Libellule à 4 tâches, l’Agrion mignon, le Leste dryade ou encore la Leucorrhine à front blanc.

Les chauves-souris

Tout comme les libellules, une évaluation des tendances n’a pas été possible avec ce protocole. 17 espèces ont pu être contactées (80% des espèces connues sur le PNRLG) dont une à fort enjeu patrimonial : la Grande Noctule. Pour les chauves-souris et les libellules, des études ciblées sur 1 à 3 ans et avec des objectifs opérationnels, seraient plus adaptées. 

Et maintenant ?

Il nous faut poursuivre ces inventaires pour compléter ces données et gagner en robustesse statistique, obtenir des tendances fiables pour de plus nombreuses espèces. Si les Carrés Biodiversité nous permettent d’évaluer l’état de santé de notre biodiversité locale, ils contribuent aussi à l’amélioration des connaissances à l’échelle globale. Enfin, ils doivent permettre d’alerter et de préconiser des actions de gestion adaptées qui seraient les plus favorables à la préservation du Vivant, quel qu’il soit !